Le seul fabricant belge de panneaux solaires standards monte en puissance

Article L’Echo
21 Octobre 2023
Maxime PAQUAY

Evocells change nom et devient Belga Solar. Le fabricant de panneaux photovoltaïques, basé à Marche-en-Famenne, investit environ un million d’euros en équipements pour multiplier sa capacité de production par cinq.

Une goutte d’eau. Voilà ce qu’est Belga Solar sur le marché belge des panneaux photovoltaïques. Moins d’un pourcent, estiment les deux dirigeants de l’entreprise. Ce qui ne les empêche pas de vouloir grandir et de faire valoir leurs arguments, dans un océan de concurrence chinoise.

De l’installation à la production

La particularité d’Evocells est que sa trajectoire démarre dans les années 2000 par une activité d’installation de panneaux photovoltaïques. Ce n’est qu’à partir de 2012 que son fondateur, mécontent de la qualité des composants qu’il reçoit, s’intéresse à l’assemblage. Evocells devient producteur de panneaux en 2015, à contre-courant d’un marché belge sur lequel les acteurs de la production ont plutôt tendance à faire faillite les uns après les autres.

Nous sommes en 2023, il existe encore une poignée d’entreprises belges qui assemblent des panneaux, le plus souvent du haut de gamme sur mesure, intégré aux façades et bâtiments. Evocells est toujours là, seul acteur belge désormais actif dans la production de panneaux solaires standards.

Grâce à son investissement, Belga Solar vise une capacité de 70 à 80.000 panneaux en 2024.

Evocells devient Belga Solar

Pour L’Echo, l’entreprise annonce sa mue en Belga Solar, et les ambitions d’un investissement d’environ un million d’euros réalisé cet été, destiné à multiplier par cinq la capacité de production. « Nous visons une capacité de 70 à 80.000 panneaux en 2024, avec de la marge pour pouvoir nous développer auprès des PME, notamment avec l’intégration de nos produits dans des matériaux de construction(vérandas, cloisons de jardin, carports, etc.) et sur le marché flamand », détaille Sébastien Mahieu, co-directeur. Des ambitions que seule une augmentation de la production peut assouvir. L’équipe de l’entreprise, une trentaine de personnes, a d’ailleurs doublé depuis 2021.

Contexte compliqué

Esseulée en terre belge, Belga Solar n’échappe cependant pas à la réalité du marché européen. En l’occurrence, des producteurs chinois inondent depuis plusieurs mois l’Europe de panneaux à prix cassés. 

« Ce qui se passe pour le moment est assez irrationnel, analyse Frédéric Conrads, co-dirigeant de Belga Solar. La différence avec nos panneaux était en 2021-2022 de l’ordre de 10 à 15%, elle est désormais plutôt de l’ordre de 30%. Cet écart s’est creusé subitement et si l’on n’avait pas investi, il serait plus important encore. »

Belga Solar limite la casse grâce à son activité d’installation. « Si l’on tient compte de la main d’œuvre pour du résidentiel (de 10 à 15 panneaux), le coût de l’installation est aussi important que le coût de production des panneaux. Cela veut dire que la différence sur la facture finale, même comparée à des panneaux bon marché, reste toujours inférieure à 10% », assure Sébastien Mahieu.

Les dirigeants de Belga Solar sont à la fois conscients que jouer sur les seuls volumes n’est pas une option, et convaincus qu’il est possible d’être un petit acteur compétitif.

Robustesse, rendement, et service local

Pour se différencier, Belga Solar mise sur une sélection de composants, « parmi les meilleurs du marché. Nous mesurons aussi la productivité de chaque panneau en sortie de production, alors que sur la plupart des grandes chaines automatisées, les tests sont plutôt réputés aléatoires », enchaîne Sébastien Mahieu. L’entreprise assure qu’un assemblage local (un transport réduit au minimum) diminue le risque de fissures des cellules. 

Le discours est rôdé: un panneau solaire robuste avec un rendement supérieur à la concurrence, voilà comment Belga Solar mise sur « un coût certes supérieur au coût asiatique, mais qui reste défendable », conclut Frédéric Conrads.